383 – Ce n’était pas raison suffisante pour déclencher les hostilités
Si le moineau est un plaisant pierrot
certains autres oiseaux sont de drôles d’ostrogoths.
Le hasard voulut qu’un jour héron et poule d’eau se croisèrent
Lui immobile en un strict garde-à-vous
Elle zoukant ferme de la croupe et du cou
Mine de rien, sans en avoir l’air, s’observèrent :
« Regardez-moi cet échalas !
cou, pattes, bec, chez lui tout est long
mal foutu, quasi bossu, œil rond
et pour couronner le tout une tête grosse comme un petit pois
Des heures à rester planté sans sourciller à guetter
On ne peut éprouver qu’envie de le chatouiller pour le décoincer
Jouer le bel indifférent
Avec moi n’aurait qu’un temps… »
D’emmanché, néanmoins, par civilité, elle se garda de le traiter.
« Vise-moi la touche de mademoiselle Sainte-Nitouche !
La moricaude ! Comme l’as de pique elle est fichue
Décidément on aura tout vu
Ce n’est pas plus qu’une vulgaire remueuse de cul !
Rien ne dépasse chez ce nabot privé d’échasses
Ah ! si c’est cela la grande classe…
Les petits, on le sait, ont tendance de tous côtés à gigoter *
Celle-là d’urgence il faut l’arrêter, elle gâche le métier ! »
Poule mouillée et cocotte chochotte, lui restèrent toutefois dans le gosier.
A la déclaration de guerre on échappa
Et chacun son chemin prudemment passa
* Nous en connaissons plus d’un, et un, surtout.